L’étude Climatère

Pourquoi Climatère ?

Le climatère est selon l’inspiration pythagoricienne des âges de la vie la période de transformation des  corps liés à la vieillesse borné par un « âge critique ». Il devient en médecine, après l’apparition de la notion de ménopause au XVIIIe siècle et de celle d’andropause au XXe, un synonyme de ces deux termes englobant les périodes qui les suivent (post-ménopause) ou qui les précédent (préménopause) et, par extension, lorsqu’il est question de troubles climatériques, de l’ensemble des symptômes induits ou non par la carence œstrogénique.

La ménopause, caractérisée par l’arrêt des menstruations pendant plus d’un an sans cause apparente, survient généralement entre 45 et 55 ans, avec un âge moyen de 51 ans en France. Cette étape naturelle de la vie marque la fin de la fonction ovarienne et, par conséquent, de la capacité reproductive. Elle entraîne une diminution des hormones, en particulier l’estradiol, un œstrogène, expliquant l’arrêt des menstruations. En France en 2023, selon l’INSEE : 14 millions de femmes sont ménopausées, avec 500 000 nouveaux cas par an en France, l’âge moyen de la ménopause étant de 50 à 51 ans, 82 % des femmes ressentent au moins un symptôme de la ménopause, et 40 à 70 % souffrent de bouffées de chaleur. Avant la ménopause, il y a souvent une période de transition de 2 à 4 ans, appelée périménopause, marquée par des menstruations irrégulières et divers symptômes tels qu’un syndrome prémenstruel de gravité variable.

En France, il existe un manque sévère de données épidémiologiques et de santé publique sur les femmes ménopausées. La création d’une cohorte de femmes ménopausées sera un champ idéal pour la recherche scientifique afin de mieux comprendre cette période dans la vie des femmes, tant du point de vue des maladies cardiovasculaires, des cancers, mais aussi de la gestion de la ménopause et de ses répercussions sur la qualité de vie des femmes, y compris dans l’espace de travail.

Ce projet de recherche vise à fournir un soutien et des informations spécifiques aux femmes pendant leur ménopause, en mettant l’accent sur la personnalisation de leurs soins tout au long de leur vie

Qu’est ce que Climatère ?

Notre projet de recherche est de créer une cohorte prospective en ligne sur les femmes non ménopausées, en périménopause et en ménopause, qui seront suivies au long cours. Une plateforme en ligne est spécifiquement créée pour ce projet, établissant une communauté de femmes participantes. Des questionnaires épidémiologiques en ligne réguliers sont envoyés pour enquêter sur l’état de santé des femmes, leur qualité de vie, leurs habitudes de vie, leurs conditions de travail, la gestion de leur ménopause, ainsi que leurs comorbidités et conditions socio-démographiques.

Le but de cette cohorte est de fournir de nouvelles informations de santé publique concernant la santé des femmes pour mieux appréhender leurs besoins et gérer leurs attentes en termes d’accompagnement, de soins mais aussi développer des outils spécifiques et personnalisés pour la prévention en santé.

Les objectifs de Climatère

Comprendre les besoins de santé publique

  • Vieillissement de la population : Avec l’augmentation de l’espérance de vie en France, de plus en plus de femmes vivent une part significative de leur vie après la ménopause. Cela nécessite une meilleure compréhension des impacts en santé à long terme.
  • Prévalence des maladies associées : La ménopause est associée à une augmentation du risque de maladies chroniques comme l’ostéoporose, les maladies cardiovasculaires, et certaines formes de cancer (notamment du sein). Une étude épidémiologique peut aider à quantifier et à prédire ces risques.

Réduire les inégalités d’accès aux soins

  • Les symptômes et les impacts de la ménopause varient selon les populations (différences socio-économiques, culturelles ou géographiques). Une recherche ciblée pourrait mettre en évidence des inégalités d’accès à l’information, aux traitements ou au suivi médical.
  • Certaines populations, comme les femmes précaires ou vivant en zones rurales, sont souvent sous-représentées dans les études et les politiques de santé.

Améliorer les connaissances médicales et les traitements

  • Les recherches sur les traitements hormonaux substitutifs (THS) et les alternatives naturelles restent encore insuffisantes pour déterminer les options les plus sûres et les plus efficaces pour chaque type de femme.
  • Une meilleure compréhension des effets secondaires, des contre-indications, et des bénéfices des traitements est essentielle pour personnaliser les soins.

Reconnaître et traiter les symptômes sous-estimés

  • Beaucoup de femmes en France souffrent de symptômes de la ménopause (bouffées de chaleur, insomnie, troubles de l’humeur, etc.) qui peuvent affecter leur qualité de vie et leur productivité, mais ces symptômes sont souvent minimisés ou mal diagnostiqués.
  • Une recherche approfondie permettrait de mieux sensibiliser les professionnels de santé et d’encourager un dépistage précoce.

Répondre aux enjeux sociaux et économiques

  • La ménopause a un impact sur la vie professionnelle des femmes : fatigue, stress, et troubles cognitifs peuvent affecter leurs performances. Une meilleure prise en charge pourrait réduire les arrêts de travail et améliorer le bien-être au travail.
  • De plus, les coûts associés aux complications de la ménopause (fractures dues à l’ostéoporose, hospitalisations, etc.) représentent un enjeu économique pour le système de santé.

Sensibilisation et éducation

  • Malgré sa généralisation, la ménopause reste taboue dans de nombreux contextes en France. Une recherche épidémiologique pourrait contribuer à une meilleure communication et à des campagnes de sensibilisation adaptées.
  • Elle permettrait de normaliser le sujet, de déconstruire les stigmatisations et de promouvoir une meilleure prise en charge.

Promouvoir une médecine basée sur les données françaises

  • Les recherches menées à l’étranger peuvent ne pas être applicables directement à la population française en raison de différences génétiques, culturelles, ou environnementales. Il est important d’avoir des données spécifiques à la France pour élaborer des recommandations pertinentes.

Mettre fin à l’oubli de la prise en charge de la ménopause en France

  • La ménopause reste un sujet peu discuté, même dans les consultations médicales. Ce tabou empêche une reconnaissance pleine des besoins des femmes et retarde l’accès aux soins appropriés.
  • Des campagnes de sensibilisation issues de nos travaux de recherche pourraient aider à normaliser ce sujet et inciter les femmes à consulter et à demander une prise en charge adaptée.